Images de la vie quotidienne
Aujourd’hui on est dimanche.
J’écris sur la terrasse en face du club (pas très bonne idée, à cause du soleil je ne vois rien).
Pas un bruit si ce ne sont les chants qui accompagnent la cérémonie religieuse qui se déroule juste à côté (très longue… ils y passent la matinée).
La mer est plate comme de l’huile et les couleurs sont telles qu’on a l’impression que les petits bateaux (les dhows comme on les appelle ici) et les îles sont suspendus entre ciel et terre.
Sensation assez étrange de bruits suspendus, temps arrêté.
Mais ce n’est pas toujours comme ça.
Nous venons de passer 3 semaines à attendre que cette transaction se fasse (ça fait 10 jours que nous attendons que le Crédit Lyonnais se décide à virer l’argent de Denis sur un compte bancaire anglais) et j’ai eu plus que le temps de regarder ce qui se passait sur le petit morceau de plage qui est en bas de chez nous.
Juste pour que vous compreniez la situation, tant que les vendeurs n’ont pas l’intégralité de la somme sur leur compte, ils ne nous donnent ni la voiture dont nous avons besoin pour descendre les bateaux à l’eau, ne les clés des bateaux… et nous on est coincés… et on refuse des clients !
Si tout va bien, mercredi nous sommes à l’eau ! ouf…
Bref revenons à mon petit bout de plage .
D’abord, il faut imaginer une plage qui vit au rythme de très grandes marées. Le paysage change sans arrêt en fonction de la hauteur de la mer et de la lumière.
Parfois, la mer s’en va tellement loin qu’on a l’impression que l’on pourrait aller sur les îles à pieds (alors qu’elles sont à 45 minutes avec un bateau rapide). Parfois elle est tellement haute que les mats des dhows sont quasiment dans notre jardin.
Les dhows, ce sont des petites coques de noix avec une sorte de spi à l’avant qui peut être assez coloré. Ils vont et viennent toute la journée. Ils servent à la pêche et tous les après-midi déversent leurs prises à quelques mètres de chez nous pour un gros marché aux poissons. Ils servent de terrain de jeu pour les enfants.
Ils servent aussi au transport des personnes ; sortes de bus locaux.
Ils servent aussi au transport des personnes ; sortes de bus locaux.
Et comme les bus locaux, ils attendent d’être pleins à craquer avant de partir.
La scène la plus incroyable c’est donc de voir ces coquilles de noix, échouées sur la plage à marrée basse, se remplir pendant 3/4h, au fur et à mesure que la mer monte et le temps qu’elle soit assez haute pour leur permettre d’emprunter un chenal et partir vers le large. Et pendant 3/4h c’est un ballet incessant de femmes et d’hommes, portant des paquets plus ou moins lourds sur la tête et allant augmenter le nombre de ceux qui, assis sous le soleil dans leur coque de noix, attendent pendant des heures de partir.
Et puis, sur mon petit bout de plage, c’est, ce matin au réveil, la vision hallucinante de 5 enfants faisant prendre son bain à un énorme cochon.
Ce petit bout de plage c’est, enfin, le théâtre de magnifiques levers de soleil (on est à l’est ! tant pis pour les couchers !) et de jeux de lune incroyablement beaux. Hier soir par exemple, vers 1h du matin, in immense croissant de lune orange, reposant totalement à l’horizontale sur la mer, seul point lumineux dans une nuit d’un noir intégral.
C’est comme si vous y étiez un peu non ????
Bon, et en attendant de faire tourner ce club on fait quoi ?
On vide la piscine des eaux stagnantes et on la nettoie (et là, je crois que j’ai battu Kate Moss en matière d’avant-garde dans le look… notez les botillons !)
On jardine… et on essaie d’apprendre le portugais en ratissant l’herbe du jardin au moyen de l’i-pod négligemment glissé dans le maillot de bain…
Mon Dieu que c’est chic toit ça !!!